R.Ecep Tayyip Erdoğan est un survivant politique. Pendant plus de 20 ans, d’abord en tant que Premier ministre puis en tant que président de la Turquie, il s’est frayé un chemin à travers les types de crises qui mettent fin à la carrière des dirigeants, même les plus ingénieux et les plus résilients : inflation galopanteun monnaie en spiralel’arrivée de millions de réfugiés, un tremblement de terre dévastateur, des accusations de corruption, des manifestations de masse, des condamnations et des pressions internationales et une tentative de coup d’État en 2016.
Erdoğan a toujours été un populiste avisé qui comprend l’importance de cultiver à la fois les bons amis et les bons ennemis. Il existe peu d’exemples plus marquants sur la scène mondiale d’un dirigeant qui ne voit ni alliés ni rivaux permanents, seulement le besoin constant de remporter une élection supplémentaire. Et par démantèlement Dans de nombreuses institutions étatiques indépendantes de Turquie – l’armée, les tribunaux et les médias – il a accumulé un pouvoir majeur même à des moments où sa popularité était très remise en question.
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Après défaites cinglantes Lors des élections locales de mars pour son parti Justice et Développement (AK), au pouvoir, Erdoğan a pris du recul pour compenser ses pertes. Il est peut-être temps, a-t-il conclu, de rétablir des liens longtemps tendus. Bien qu’il ait passé des années à diaboliser la minorité kurde pour former une alliance utile avec le Parti du mouvement nationaliste (MHP) d’extrême droite, Erdoğan a travaillé faire la paix avec l’insurrection kurde dans le sud-est de la Turquie. Il flotte désormais »normalisation» s’entretient avec Özgür Özel, chef du Parti républicain du peuple (CHP), un parti de centre-gauche. Il s’est montré gentil avec le président élu Donald Trump pour renforcer les relations économiques avec les États-Unis. Il utilise également politiquement mesures d’austérité impopulaires pour tenter de maîtriser l’inflation. Une fois de plus, le leader de longue date de la Turquie se révèle suffisamment imprévisible pour frustrer une opposition à la recherche de faiblesses.
Mais Erdoğan a un problème pratique : la constitution turque n’autorise que deux mandats aux présidents. Il a le luxe de disposer de suffisamment de temps pour trouver une solution, car la prochaine élection présidentielle en Turquie est imminente. prévu pour mai 2028. Il a deux options pour tenter de se maintenir au pouvoir au-delà de cette date. La première consiste à pousser le Parlement à convoquer des élections anticipées, ce qui lui permettrait de se présenter à nouveau avant l’expiration de son mandat actuel. La seconde serait de modifier la constitution du pays.
La préférence d’Erdoğan est de réécrire la constitution. C’est une approche qu’il a déjà adoptée en 2017 lorsqu’il a organisé un référendum réussi qui a transformé la Turquie d’un système parlementaire en une république présidentielle, renforçant ainsi son emprise sur le pouvoir. Il présentera le changement aux électeurs comme une rupture nette avec un passé troublé, lui permettant de continuer à diriger la République turque vers son deuxième siècle. Non content d’effacer la limitation des mandats, il espère également faciliter l’obtention d’un troisième mandat en permettant à un candidat d’être élu sans majorité des voix en cas de second tour.
Mais il se heurte à un obstacle. Son alliance avec le MHP n’offre pas le nombre de sièges parlementaires nécessaires pour organiser un référendum constitutionnel, et encore moins pour apporter les changements souhaités sans un référendum constitutionnel. C’est pourquoi, même si le CHP résiste à l’appel d’Erdoğan à un nouveau partenariat, il se tourner vers les Kurdes qui l’a soutenu au début de sa carrière en lui proposant de jouer le rôle de pacificateur. Le soutien du Parti pour l’égalité des peuples et la démocratie (DEM), pro-kurde, pourrait lui donner suffisamment de voix pour le référendum.
Il n’y a aucune garantie que ce plan puisse fonctionner. Conclure un accord avec Abdullah Öcalan, le leader emprisonné du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), ne mettra pas fin en soi à une insurrection kurde qui dure depuis 40 ans – et tout accord qu’il conclura avec un groupe plus large de dirigeants kurdes restera terroriste. l’attaque loin de faire exploser les plans d’Erdoğan.
Quelle que soit la stratégie qu’il choisit, une constante demeure dans la politique turque : ne jamais parier contre le maître tacticien politique du pays.