Les électeurs des Pays-Bas se rendront aux urnes le mercredi 29 octobre pour la troisième élection nationale en moins de cinq ans. suite à l’effondrement du gouvernement de coalition de droite dirigé par le Premier ministre indépendant Dick Schoof.
Le gouvernement est tombé en juin après que le Parti de la liberté (PVV), d’extrême droite, dirigé par Geert Wilders, se soit retiré de la coalition en raison de désaccords sur la politique migratoire, moins d’un an après son entrée en fonction.
La politique néerlandaise a été dominée ces dernières années par la montée de l’extrême droite, le PVV de Wilders étant en tête des sondages nationaux depuis la chute du gouvernement. Sur la base des taux de participation élevés antérieurs, souvent proches de 80 %, environ 10 millions d’électeurs devraient voter pour les 150 sièges de la Chambre des représentants.
Voici ce qu’il faut savoir sur le vote.
Pourquoi les élections ont-elles à nouveau lieu aux Pays-Bas ?
Les élections ont été déclenchées en juin lorsque Wilders a brusquement retiré son soutien de la coalition gouvernementale, accusant ses partenaires de bloquer sa proposition visant à mettre un terme à toute migration d’asile. La sortie de son parti a privé la coalition de sa majorité, obligeant Schoof à la démission et celle de son cabinet.
Wilders avait présenté un Plan en 10 points se sont concentrés sur les politiques d’immigration et anti-islam, notamment le gel des demandes d’asile des pays à majorité musulmane, la sortie du programme de libre circulation de l’Union européenne, la réduction de l’aide étrangère et la rupture des liens avec le Qatar et l’Arabie saoudite.
Après le départ du PVV, la coalition, composée du centre-droit Nouveau contrat social (NSC), le parti conservateur-libéral Parti populaire pour la liberté et la démocratie (VVD) et le système agraire Mouvement paysan-citoyen (BBB) – ne disposait que de 51 sièges sur 150. En août, le ministre des Affaires étrangères Caspar Veldkamp a démissionné en raison de divisions sur la politique israélienne, soulignant la fragilité du gouvernement.
L’effondrement est survenu moins d’un an après que le PVV de Wilders ait remporté une victoire écrasante aux élections de novembre 2023, mais n’a pas réussi à former un gouvernement stable. Wilders, qui dirige le PVV depuis sa création en 2006, a renoncé l’année dernière à sa prétention au poste de Premier ministre afin d’intégrer d’autres partis de droite dans la coalition.
Que montrent les derniers sondages ?
La dernière semaine avant le vote, le Parti de la liberté de Wilders est en tête avec environ 20 % des voix, soit environ 34 sièges projetés, selon les sondages agrégés compilés par Politique. C’est légèrement en baisse par rapport aux 37 sièges remportés par le PVV en 2023, mais cela reste suffisant pour maintenir Wilders en tête.
Les principaux challengers sont l’alliance de gauche du Parti travailliste (PvdA) et des Verts (GroenLinks), qui remporte environ 25 sièges, et l’Appel chrétien-démocrate (CDA) de centre-droit, qui a bondi à environ 23 sièges après en avoir remporté seulement cinq en 2023. L’alliance libérale centriste devrait remporter environ 16 sièges, tandis que le VVD, autrefois dominant, dirigé à l’époque par l’actuel secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte, remporte près de 15 sièges, en forte baisse par rapport aux 24 de 2023.
Rutte a dirigé quatre gouvernements néerlandais en tant que Premier ministre et chef du VVD entre 2010 et 2024, avant démissionner en 2023 sur une précédente dispute sur les demandeurs d’asile.
Malgré l’avance du PVV, les analystes estiment que la formation d’un gouvernement sera difficile. Le CDA, le VVD et l’alliance PvdA-GroenLinks ont tous exclu de rejoindre une coalition dirigée par Wilders, le laissant sans chemin clair vers une majorité. Près de la moitié des électeurs néerlandais restent indécis, selon Ipsos, ce qui souligne à quel point la course reste fluide.
Sur quoi Wilders fait-il campagne ?
Wilders a axé sa campagne 2025 sur des thèmes familiers : des limites strictes à l’immigration, l’opposition à l’islam et « donner la priorité aux Pays-Bas ». Son manifeste s’ouvre sur la phrase : « C’est votre pays ! Les Pays-Bas sont pleins, surpeuplés, bondés. »
Il a promis de geler les demandes d’asile, d’interdire la burqa et l’appel islamique à la prière, et d’interdire la vente publique de textes arabes et « non occidentaux ». Wilders propose également d’interdire au personnel gouvernemental et militaire de prêter serment à Allah, une mesure qui, selon les critiques, exclureait de fait de nombreux musulmans de la fonction publique.
En matière de politique intérieure, il s’est engagé à réduire les loyers des logements sociaux de 10 %, à relever les seuils de revenus pour les logements abordables, à étendre les prestations aux soignants et à réduire le coût des médicaments sur ordonnance.
Mais la pièce maîtresse de sa campagne reste son programme anti-islam. Wilders décrit sa mission comme celle de protéger « la culture néerlandaise de l’islamisation », affirmant que seul le PVV peut sauvegarder l’identité nationale des Pays-Bas.
Que se passe-t-il après le vote ?
Une fois les bulletins de vote comptés, le parti ayant obtenu la plus grande part des voix sera invité à diriger les négociations de coalition – un processus qui implique généralement plusieurs partis et peut prendre des mois. Même si le PVV gagne, la réputation polarisante de Wilders et le refus des principaux partis de le rejoindre pourraient à nouveau laisser les Pays-Bas dans un vide politique prolongé.
Ces résultats fragmentés devraient refléter des tendances plus larges à travers l’Europe, où les partis d’extrême droite ont gagné en popularité mais ont souvent eu du mal à traduire cet élan en pouvoir.

