MOncie Daniels essaie juste de faire entendre sa voix malgré la cacophonie qui passe pour un discours public. Commentateur ambitieux de CNN, protagoniste du thriller complotiste plein d’action de Netflix La folie a négligé sa vie personnelle désordonnée et perdu de vue ses valeurs progressistes. Mais tout ce carriérisme fade et commercialement acceptable ne peut empêcher Muncie, interprété par le polyvalent lauréat d’un Emmy Colman Domingo, de se laisser entraîner dans une guerre entre l’extrême droite et la gauche radicale, les milliardaires et les marginaux vivant en communauté en marge de la société. En fait, cette guerre menace d’anéantir tout ce qu’il a accompli.
C’est une prémisse opportune, à la suite d’une élection présidentielle qui a renforcé un extrême, a aliéné l’autre et a laissé les États-Unis avec une place publique encore plus bruyante et chaotique qu’auparavant. Créateur Stephen Belber (Tommy) et son co-showrunner, VJ Boyd (Justifié), canalisez notre épuisement collectif face au discours dans un thriller paranoïaque de style années 70 ancré dans la polarisation hyperpartisane d’aujourd’hui. La folie peuvent trafiquer de fausses équivalences – un piège courant de la fiction politique qui valorise la modération comme une fin en soi. Et la série devient parfois loufoque en décrivant les personnalités et les peccadilles de chaque faction. Pourtant, il réussit en grande partie, grâce à la performance de Domingo, à la complexité de Muncie et, surtout, au sentiment viscéral du chaos et de la futilité contemporains qu’il canalise.
Muncie espère s’évader lorsqu’il loue une cabane dans les Poconos pour travailler sur son roman. Ce à quoi il échappe comprend une ex (Marsha Stephanie Blake) qu’il aime toujours, le fils adolescent plein de ressentiment du couple (Thaddeus J.Mixson), une fille adulte (Gabrielle Graham) qu’il a négligée, un collègue qui le traite pratiquement de vendu à la télévision nationale. , et, plus profondément dans sa conscience, l’angoisse non résolue entourant son père, qui a laissé des idéaux par ailleurs louables le conduire à la violence. Au lieu d’écrire un best-seller, Muncie découvre qu’il est accusé du meurtre d’un suprémaciste blanc local, dont il se trouve être la seule personne à être témoin.
Expert qui a troqué ses convictions fortes contre une plateforme grand public et la stabilité de sa famille contre une réussite personnelle, Muncie devient soudainement un fugitif supportant le poids de tout ce qu’il a travaillé pour transcender, du racisme systémique aux péchés de son père, tout en affrontant des forces obscures bien plus riches et plus puissant que quelques néo-nazis. Autrefois maître de piste du cirque médiatique, il est aujourd’hui le lion en cage. Et il doit discerner lequel des quelques alliés qui croient qu’il est innocent – une personnalité médiatique marginale (Bri Neal), l’ex-veuve de la victime (Tamsin Topolski), un agent du FBI avec ses propres objectifs (John Ortiz) – il peut réellement confiance. C’est à la fois une situation terrifiante et une chance de développer enfin une appréciation pour les amis et la famille dont il n’a pas rendu la pareille. Transmis par Domingo avec subtilité et intelligence, ce niveau de détail fait de Muncie le rare héros richement dessiné dans un genre qui tend à privilégier l’intrigue sur le personnage.
Les détails du monde devenu fou dans lequel il habite sont parfois moins convaincants. Parfois, dans sa quête pour présenter les deux extrémités du spectre politique comme étant désarticulées, la série frise le caricature. N’est-il pas suffisant que Muncie visite une « commune d’armes » antifa : est-ce que le gars qu’il y recherche doit aussi fréquenter les bars échangistes ? Encore La folie résonne quand même, en grande partie grâce à son atmosphère de panique généralisée, alimentée par l’anxiété selon laquelle Muncie est un pion d’individus néfastes ayant le pouvoir de plier la société à leur volonté et soulignée par des séquences d’action inventives. Maintenant que tant de thrillers politiques, de Citadelle à Détournerfont tout leur possible pour éviter les fractures politiques de peur d’offenser les téléspectateurs nationaux ou étrangers, c’est un soulagement d’avoir une émission qui reconnaît au moins à quel point les vibrations sont devenues frénétiques.